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Nouvelles du jeudi 8 Avril

Présentiel ? Distanciel ? Au rectorat, c’est absenciel !

Le travail salarié continue sur le terrain pour certain.e.s, en télétravail pour d’autres. Le travail gratuit continue pour beaucoup à la maison avec les enfants !

La lutte ne s’arrête donc pas et, malgré les restrictions, des rassemblements, des occupations, des manifs ont toujours lieu !

Hier, Mercredi 7 avril, le Collectif « Ca commence à l’école » appelait à un rassemblement devant le rectorat de Toulouse.

Il s’agissait d’interpeler l’institution sur la question des viols et des violences sexuelles qui existent dans tous les établissements scolaires.
Malgré de multiples courriers et demandes d’audience faites par le collectif, ces violences ne semblent pas être une véritable priorité pour le rectorat qui reste silencieux depuis bientôt deux ans sur le sujet.

Des membres du collectif, composé de personnels de l’Éducation Nationale et d’associations féministes, ont repris la chorégraphie « El violator en tu camino » (le violeur sur ton chemin) des militantes chiliennes.

Le collectif revendique :

  • la transparence la plus totale dans les procédures concernant ces violences
  • un accompagnement personnalisé pour les victimes
  • la mise en place de lieux d’écoute et d’accueil dans tous les établissements
  • la généralisation des actions éducatives pour les élèves par des associations compétentes
  • un véritable plan de formation à l’égalité pour l’ensemble des personnels de l’EN
  • une réponse commune sans équivoque de l’institution qui ne soit pas laissée à la responsabilité de chaque établissement

Aujourd’hui, la journée nationale de lutte pour les AESH se déclinait à Toulouse avec une AG le matin, un rassemblement à 12h30 à Jean Jaurès, puis une audience au rectorat.

50 personnes en AG ont voté de maintenir l’audience malgré les tergiversations engendrées par le refus du rectorat de recevoir les personnes en présentiel. Elles ont bien fait, car malgré le mensonge du rectorat de ne pas pouvoir recevoir une délégation faute de personnel sur place, elle a bien eu lieu finalement avec Messieurs Bouquet (S.G.), Montoya (IEN-SDEI), Chevalier ( adjoint cabinet du recteur) en chair et en os !

Cette délégation, de 6 a.e.s .h. (Sudéduc 31, CGT éduc’action, FSU, FNEC-FP-FO, non-syndiquée) a porté les revendications suivantes :

  • Abandon des PIAL, et recrutement d’aesh + création de brigade de remplacement
  • Évolution vers un statut de la fonction publique ( concours, formation professionnalisante, mouvement des personnels…)
  • Respect de l’entretien professionnel annuel
  • Revalorisation salariale : temps plein à 24h par semaine devant élève + heures connexes
  • Primes REP/REP+, Covid, informatiques
  • Prise en charge des frais de déplacement en véhicule personnels
  • Gratuité de la cantine pour les aesh accompagnant des élèves sur le temps du repas
  • Harmonisation des contrats (rectorat / Déodat)
  • Mise en conformité du rectorat sur les indices de rémunérations
  • Rattrapage de l’indemnité compensatrice de la CSG
  • Rattrapage des salaires depuis signature des avenants

Compte rendu de la camarade AESH, syndiquée à Sud Educ 31-65; présente dans la délégation:

Cette audience a été comme à son habitude très décevante. Nous avons été assurées de ne pas obtenir de réponse dans l’heure, mais par le biais de nos syndicats, pour ce qui concerne exclusivement l’échelle académique, c’est-à-dire, peau de chagrin. Pour le reste, à peu près tout puisqu’il est toujours question de budget, c’est vers législateur que nous devons nous tourner.

Le PIAL reste la meilleure organisation possible pour accompagner plus d’élève (seule la quantité compte, ils ne doutent pas une seconde de la qualité de notre travail même dans ces conditions). L’abondement en moyen n’est pas à l’ordre du jour, quant aux brigades de remplacement ils y pensent…mais pas trop pour l’instant.

En ce qui concerne la mise en conformité du rectorat sur les rémunérations, les retards de paiement, l’harmonisation des statuts et l’accès à l’action sociale c’est fait. Il suffit de demander, c’est peut-être encore dans les tuyaux, mais ça va arriver.

Sur le respect du cadre de gestion des aesh par les chefs d’établissements, on ne peut attendre du rectorat qu’un nouvel envoi du guide R.H. aux établissements. Et qu’il leur rappelle la loi quand nous subissons des abus et que nous le leur faisons remonter. (exemple : réquisition aesh pendant le confinement = illégal)

Pour faire valoir nos droits des aesh un autre outil magique, le guide aesh, lui aussi disponible sur le site du SDEI31.

Des AESH, mandatées par l’AG, ont aussi rejoint dans l’après-midi le rassemblement des secteurs de la Santé et du Travail Social au Capitole, pour des prises de paroles. Les échanges ont  permis de faire le lien entre  les conditions de travail toujours plus dégradées dans tous ces secteurs qui accompagnent l’humain avant tout, qui veillent au soin de chacun.e.s et que certain.e.s héroïsent en vitrine, tout en niant leurs savoirs-faire et en les méprisant par ailleurs.

Au niveau national, SUD éducation a pu porter les revendications des AESH lors d’une audience ce jour auprès du ministère : sans surprise, celles-ci n’ont pas été entendues. Continuons à les porter haut et fort !

Pour faire plier le ministre et obtenir satisfaction sur les revendications, il faut poursuivre la mobilisation et amplifier le rapport de force !

SUD éducation va proposer dès à présent à l’intersyndicale nationale de construire une nouvelle journée de grève prochainement.

La carotte et le bâton

Certain.e.s travaillent depuis des décennies à anéantir le droit du travail au profit du patronat, au nom de la compétitivité, à l’avantage du capital des plus fortuné.e.s. Plus récemment d’autres ont continué le travail de sape avec la loi travail El Khomry.

Avec la crise sanitaire, le gouvernement actuel s’est précipité, dès le 25 Mars de l’année dernière (9 jours après le début du confinement ! ) pour signer des ordonnances qui attaquent toujours plus les droits des travailleurs, au mépris de la santé et de la vie de tou.te.s…surtout des plus précaires.

Voir à ce sujet, notre article de l’an dernier dans le numéro 134 de notre journal, page3 :

Fermeture des établissements : les AED au charbon !

Nous avons été alertés par des collègues d’injonctions faites aux AED de se rendre dans leur établissement scolaire d’exercice. S’octroyant tous les droits, certain.e.s chef.fes d’établissement leur ont demandé d’être présent.e.s pour effectuer des tâches administratives, en ont enjoint d’autres de rattraper plus tard les heures non effectuées suite à la fermeture des internats, ont demandé de prendre en charge les enfants des personnels prioritaires, ceci sans que la question du volontariat ne se pose.

Tout ceci est illégal évidemment et la situation est identique dans de nombreux départements.

Sud Education 31-65 écrit au recteur, pour qu’il recadre les chef.fe.s d’établissement.

On invite tou.te.s les camarades qui travaillent dans le second degré à soutenir les AED de leur établissement qui en auraient besoin, à faire largement tourner les informations contenues dans l’affiche ci-dessous qui reprend notre courrier et les références légales pour faire valoir leurs droits.

Privilèges, ou la drôle de conception du volontariat par le ministère.

Pendant ce temps, dans certaines académies, le rectorat annonce qu’il va fournir des attestations spéciales aux enseignantes volontaires qui accueillent les enfants de « personnels indispensables » : elle leur permettra d’être dispensé.es des restrictions et de pouvoir rejoindre pour les vacances la région de leur choix !

Donner un passe-droit de liberté de circulation à certain.e.s, c’est s’arranger largement avec la notion de volontariat. Donner ce passe droit à certain.e.s c’est en fait punir les autres.

Un droit qui n’est pas pour tou.te.s, est un privilège !

La lutte des classes en première ligne

Les plus précaires sont envoyé.e.s en première ligne en bafouant le droit du travail, les titulaires enseignant.e.s sont récompensé.e.s pour leur volontariat. Le clivage entre travaileur.euse.s grandit et est savamment entretenu dans l’éducation nationale.

A nous de nous montrer solidaires, d’être porté par une conscience de classe pour continuer de défendre le service public d’éducation, d’être au coté les un.e.s des autres à chaque instant sur nos lieux de travail, dans les luttes et, aujourd’hui, dans cette période chaotique.

Au fait, pendant ce temps là, qui accueille les enfants des personnels de l’éducation nationale ?

« Continuité » pédagogique : le bug n’est pas là où le ministre veut le faire croire !

Mardi, face au fiasco engendré par la saturation des outils d’enseignement à distance, le ministre a tenté de rejeter la faute sur un prestataire externe et une prétendue “cyberattaque venant de l’étranger”. Ces allégations interrogent, alors que le prestataire concerné a nié toute responsabilité et que de nombreux outils sans lien entre eux ont été concernés. La faillite rapide des outils submergés par les connexions a entaché la crédibilité de l’Éducation nationale et de ses personnels. Les tentatives de justification du ministre ont suscité un scepticisme légitime.

Mais pour nous le bug est ailleurs !

Le marché du numérique à l’assaut de l’éducation :

La plupart des outils utilisés (en général dans les pratiques communicationnelles, en particulier par l’Education Nationale) sont propriétaires et appartiennent à des groupes privés qui ont la possibilité d’utiliser des données parfois confidentielles à des fins lucratives. Quelques exemples : l’ENT, Pronote, Parcoursup, les badges pour les selfs, l’accord signé entre Microsoft et l’Éducation Nationale…

Au sujet de Pronote, on vous remet en lien avec notre article qui dénoncait sa privatisation :

Pédagogique et numérique, ça ne va pas de soi !

Souvenons-nous que l’innovation – si chère aux différent.e.s ministres qui se succèdent et se ressemblent – n’est pas forcément synonyme de progrès. Nous devons évaluer, avant de les utiliser aveuglément et indépendamment des injonctions qui nous sont faites, les bénéfices éventuels sur le plan pédagogique des outils numériques qu’on nous vend. Les GAFAM proposent de plus en plus d’outils en ligne qui rivalisent d’ingéniosité et de fluidité pour pouvoir entrer dans nos classes. Est-ce que ce surplus de pédagogie numérique, cet investissement que met notre gouvernement dans les TICE est efficace ? D’après l’OCDE, non. On sait que plus un enfant passe du temps derrière un écran, plus les conséquences sont nocives. Pourtant, la première chose que demande l’Education Nationale à un élève en rentrant chez lui, c’est d’allumer son ordinateur pour se connecter à l’ENT. Quand on connaît le pouvoir distractif des écrans, nous ne pouvons qu’imaginer la difficulté de l’enfant à se distancier de ceux-ci pour entrer dans des activités didactiques, socialisantes ou ludiques. Les influences négatives observées sont largement transversales, au sens où elles dépendent, pour une grande part, du temps volé à d’autres occupations plus favorables au développement de l’enfant (interactions intrafamiliales, lecture, musique, jeux créatifs, dessin, activité physique, sommeil, etc.). Un ordinateur ne peut pas non plus sourire, accompagner, guider, consoler, encourager, stimuler, rassurer, émouvoir ou faire preuve d’empathie. Or, ce sont là des éléments essentiels de l’éducation et de l’envie d’apprendre. Le cerveau n’est pas adapté à la furie numérique qui le frappe. Pour se construire, il a besoin de tempérance sensorielle et de présence humaine. Or, l’ubiquité digitale lui offre un monde inverse, fait d’un bombardement perceptif constant et d’une terrible paupérisation des relations interpersonnelles. Sans renier l’utilité d’utiliser le numérique pour l’éducation au vu de ses qualités propres, ou celle d’éduquer au numérique et au média lorsque le besoin se fait sentir, le numérique tend à devenir un effet de mode sans réelle plus-value pédagogique. Par ailleurs, il est présenté comme le moyen de lutter contre les difficultés d’apprentissage des élèves. Utiliser les fameux TICE devient un critère requis lors des inspections ou visites de titularisations même si l’utilité de ceux-ci est loin d’être flagrante.

Conditions de travail :

L’apparition d’outils de communication numériques a entraîné ces dernières décennies un changement de paradigme dans nos pratiques professionnelles : perte de contrôle sur notre temps et nos espaces de travail, délitement des rapports sociaux entre collègues et avec nos élèves, flots de mails, d’informations et d’ »injonctions à… » week-end compris ! Le droit à la déconnexion est piétiné. La crise sanitaire et les périodes de confinement sont l’occasion pour l’institution d’accélérer encore d’avantage cet étau sur nos vies professionnelles et personnelles, rendant la frontière entre l’une et l’autre de plus en plus ténue. La « continuité pédagogique » mise en place pendant le confinement a laissé bien des traumatismes tant chez les personnels que chez les élèves : fatigue, stress, perte de sens, décrochage… Le bilan reste à faire et il sera sans doute bien lourd. On peut commencer à charger la balance :

Temps de travail :

Nous nous voyons de plus en plus enjoint.e.s à l’instantanéité. Mails qui doivent être lus du jour pour le lendemain, de la part de la hiérarchie mais aussi, du fait du manque de temps de concertation en présentiel de nos collègues. Comme indiqué, il y a quelques années dans le rapport de Beauchastel, le temps consacré au numérique dans la pratique enseignante augmente de façon inquiétante, en particulier avec l’ENT. Et ce, soit aux dépens du temps réellement pédagogique, soit aux dépens du temps libre, ce qui devient, sans hausse de salaire, du travail gratuit. L’installation de nouveaux outils numériques dans les classes se fait souvent sans formation prévue pour leur prise en main. Les enseignant.e.s consacrent gratuitement une partie de leur temps à l’autoformation.

Espace de travail :

Le travail de préparation ou tout autre travail qui n’est pas « devant élèves » peut être fait sur son lieu de vie ou son lieu de travail. Or, avec les formations en visio, les cours en visio, la nécessité d’être devant son ENT quasi constamment force les travailleur.euse.s qui ne l’auraient pas souhaité à faire de leur lieu de vie une succursale de leur espace de travail. Nous perdons le contrôle et sommes dépossédé.es de nos espaces de liberté hors vie professionnelle.

Rapports sociaux :

Enfin, le numérique vient transformer nos rapports sociaux. Au lieu de n’être qu’un média avec ses fonctionnalités propres, la technologie a tendance à remplacer d’autres médias de communication qui étaient pourtant plus adaptés. La réunion en présentiel est beaucoup plus efficace qu’une visio à plusieurs. Mais la facilité de ce transfert de média et le fait que ce transfert se fasse en général de manière autoritaire tendent à modifier profondément et durablement nos rapports sociaux.

SUD Education 31-65 revendique :

  • l’utilisation d’open sources éthiques dans l’Éducation Nationale
  • l’installation de Linux dans tous les établissements et l’usage de moteurs de recherche respectueux de la vie privée
  • une réelle liberté pédagogique dans nos usages (ou non) du numérique
  • un réel droit à la déconnexion
  • du temps de concertation pour renouer avec des pratiques professionnelles qui ont démontré leur utilité : se réunir pour échanger, analyser, prévoir et décider collectivement
  • la fin du fichage des élèves et des étudiant.es (ONDE, LSUN…) ainsi que la fin du fichage des personnels (dossier du fonctionnaire numérique)
  • refuser la culture des outils de contrôle
  • le droit à la vie privée par défaut et non pas par « une case à cocher dans un formulaire »
  • abandon de toutes les mesures de fichage des militant.e.s, notamment prévues par la loi sécurité globale

1871-2021, la Commune a 150 ans !

Pendant 72 jours, les nouvelles du jeudi commémorent l’histoire de celles et ceux qui sont monté.e.s « à l’assaut du ciel » !

Cette semaine, les services publics et la Commune de Paris.

La fonction publique a certes été établie en 1946 avec les statuts de fonctionnaires. Mais la Commune, avec ses visées socialistes, a établi les prémisses d’une République sociale dans laquelle les services publics sont réellement au service du public. Nous allons faire un petit tour d’horizon des réalisations de la Commune de Paris : nous parlerons indifféremment des mesures effectivement prises, des décrets qui ont été décidés mais n’ont pas eu le temps d’être appliqués et des bases « programmatiques » prévues qui n’ont pas eu le temps d’être votée mais qui étaient envisagées si la Commune avait duré plus de 72 jours.

Avant la Commune

Sans parler de la gestion impériale des affaires publiques avant 4 septembre 1870 (date de proclamation de la troisième République), nous pouvons noter l’action des socialistes et des républicain.e.s radicaux.ales entre le 4 septembre 1870 et le 18 mars 1871 dans l’organisation de Comité de quartiers (représentés dans un comité central) qui a une action parallèle à celle du gouvernement provisoire.

Ces délégués, même si leur action n’est pas dirigée en opposition avec ce gouvernement provisoire (du moins jusqu’aux différentes traîtrises de ce dernier et leur volonté de capitulation face à la Prusse), commence à s’auto-organiser. 4 commissions sont créées : police, défense, subsistances et travail. Il est envisagé le recensement et la réquisition des denrées alimentaires de première nécessité (payées à prix coutant) en vue de l’approvisionnement des habitant.e.s par l’intermédiaire de bons. C’est à ce moment que les Républicains modérés, les bonapartistes et les monarchistes commencent à s’inquiéter au mot de « réquisitions ».

La destruction des services publics, la fuite du gouvernement et la réhabilitation des services publics par la Commune

Contre la montée des idées radicales et socialistes qui émergent dans Paris, Thiers entame un travail de sape des services publics. (Comme quoi, dès le premier président, les services publics furent attaqués par nos chefs…). La remise en question du salaire des gardes nationaux, le contrôle des agents par les hauts « fonctionnaires » (le terme n’existait pas encore on parlait plutôt d’officiers publics) via un contrôle hiérarchique puissant et en s’assurant leur loyauté grâce à des hauts salaires, la destruction des services publics en général (au départ des Versaillais, 6 000 malades étaient laissés dans des hôpitaux sans aucun fond, même le service de cimetière était délaissé…).

Le 18 mars, les Versaillais s’enfuient à Versailles après l’échec du vol des canons de la Garde Nationale emportant avec eux des hauts dirigeants des services publics. L’administration s’est quasiment arrêtée à ce moment-là mais grâce à la préparation du Comité Central de la Garde National, les services publics et les mairies, réinvesties par des communeux.euse.s se remettent à fonctionner dès le 19 mars.

Et ce, malgré les tentatives de sabotage de la part des Versaillais qui incitaient les employés à les rejoindre à Versailles ou comme nous pouvons le voir avec l’exemple de la poste : le directeur des postes, Rampont, Versaillais convaincu, n’a pas fui le 18 mars et a été laissé en poste par la Commune de Paris. Mais celui-ci ne restait que pour mieux saboter l’administration ; il s’enfuit à Versailles le 30 mars avec une grande partie des fonctionnaires et en emportant tous les fonds et les timbres-postes.

Un ouvrier ciseleur est mandaté pour refaire fonctionner le service postal et le service est totalement rétabli au bout de 2 jours.

Après l’élection des délégués à la Commune de Paris, neuf commissions sont mises en place : finances, guerre, police, relations extérieures, justice, enseignement, travail et échanges, subsistances, services municipaux. Bien que ce fonctionnement ressemble à celui des ministères, il y a pourtant de grandes différences que nous verrons plus tard. Dans ces commissions, les délégués sont censés coordonner l’action qui se fait dans chaque arrondissement, en effet, l’action devait être effectué à l’échelle locale puis être coordonnée au niveau communal afin de favoriser l’initiative populaire

Les avancées sous la Commune, ou prévues par la Commune, mais avortées du fait de la répression

D’abord, pour éviter la corruption et réduire les inégalités, la Commune limite les salaires entre 1200 et 6 000 francs annuels dans les administrations et interdit le cumul des rémunérations. Pour exemple, avant la Commune un directeur de la poste touchait 71 000 francs par an tandis qu’un facteur en touchait 800. Aussi, le projet que les employés ne soient pas embauchés par les chefs a été pensé : la Commune a prévu la mise en place d’examens et de concours pour le recrutement.

La Commune a aussi légiféré en vue d’aider les plus démuni.e.s : les logements vacants sont réquisitionnés et une aide est apportée aux veuves et aux orphelins des Gardes Nationaux tués au combat (qui voient les revenus familiaux amputés de la solde de Garde National)

Bien que la majeure partie des magistrats se soit enfuie à Versailles, un avocat, Protot, est resté et a envisagé une grande réforme de la justice : justice rendue par un jury élu, accès gratuit à la justice, les officiers de justice ne doivent être rémunérés que par la ville (pour éviter la corruption) et il a même été envisagé de rendre gratuits tous les actes de notaire ou d’huissier.

Aussi, la commission police s’est concentrée sur la nécessité d’empêcher l’arbitraire policier en interdisant toute perquisition ou réquisition sans mandats réguliers de la ville.

Enfin, nous n’allons pas y revenir ici car traité dans notre premier article, mais de grandes avancées sont faites au niveau de la laïcisation et sur l’école : quand auparavant 1/3 des enfants étaient scolarisé.e.s en écoles publiques (mais pour qui l’Église avait la mainmise sur les programmes), 1/3 en écoles catholiques et 1/3 étaient déscolarisé.e.s, la Commune (avant Ferry) a mis en place une école laïque, obligatoire, professionnelle et intégrale pour les filles et les garçons.

Différence entre la gestion des services publics par des commissions sous la Commune et celle, plus tard, par des ministères : l’exemple de la gestion du travail

La mise en place d’un ministère du travail en 1906 avait un but : canaliser l’essor du mouvement syndical et le soustraire à l’influence anarcho-syndicaliste naissante tandis que la commission du travail et des échanges de la Commune avait le but inverse : favoriser le libre développement des associations ouvrières et des chambres syndicales. Nous voyons bien la différence entre une gestion patronale du travail et une gestion au service des travailleurs et travailleuses.

Par exemple, pour contrer les bureaux de placement (qui prélevaient des commissions sur les placements de travailleurs et travailleuses), il a été établi dans les mairies un registre sur lequel chacun.e été invité.e à y inscrire sa profession, ses demandes et conditions requises et un autre registre sur lequel les entrepreneurs ou fabricants y inscrivaient les offres de travail, la nature exacte du travail et les conditions de travail proposées. Puis les employés municipaux d’arrondissements se chargeaient de trouver les correspondances. Nous sommes bien sur un service public de l’emploi.

La Commune, pour ne pas s’attirer les foudres des entrepreneurs restés à Paris, n’a pas procédé à des expropriations des capitalistes (sauf une usine) et a tenté de faire fonctionner, en parallèle avec ces dernières, un fonctionnement coopératif socialisé. Mais lorsque les capitalistes commençaient à abuser sur les conditions de travail, la Commune a pu légiférer.

Par exemple, lorsque le marché de pantalons et vareuses des gardes a été donné à une entreprise privée car offrant des coûts moindres, une coopérative de tailleurs a fait remarqué que ce ne pouvait être qu’au détriment des salaires et à imposé le transfert de ce marché. Ou encore, le travail des ouvriers boulangers qui a été interdit durant la nuit à la demande de ces ouvriers.

On tente une conclusion :

Nous voyons l’optique de ce que la Commune voulait pour les services publics : égalité salariale, anti-hiérarchie (élection des dirigeants), gestion pour les travailleurs et les travailleuses, remise à flot des services publics.

Aujourd’hui, nous remarquons le contraire : renforcement des inégalités, mise en place accrue de la hiérarchie, gestion managériale des travailleur.euse.s et des usager.ère.s, destruction et privatisation des services publics.

Il serait temps de refaire une Commune ? Il serait temps de refaire une Commune !

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